PARIS, FRANCE. Après l’annonce du ralliement inattendu des frères Bogdanoff, le moral était au beau fixe, vendredi, à l’UMP et au siège de campagne de Nicolas Sarkozy. « C’est un tournant de la campagne », confie un des dirigeants du parti. « Le soutien de ces deux sommités scientifiques et populaires, totalisant probablement à elles deux plus de 100 points de Q.I., vient à la fois crédibiliser la campagne de Nicolas Sarkozy, et casser la dynamique dont bénéficie François Hollande ». « La peur va changer de camp », se félicitait-on en début d’après-midi rue de la Boétie, où les experts planchant sur le futur gouvernement envisageaient déjà de découpler l’enseignement supérieur et la recherche pour donner un ministère à chacun des deux jumeaux.
« Ce soutien ne vaut pas que par lui-même », nous explique par téléphone un proche conseiller de Nicolas Sarkozy. « Après le ralliement de l’économiste Bernard Tapie et du climatologue Claude Allègre, il vient confirmer le basculement du camp du savoir et de l’intelligence en faveur du président sortant ». Un basculement qui pourrait rapidement retourner la tendance du vote des enseignants au bénéfice du compagnon de Carla Bruni, selon l’institut OPIF qui constate déjà un « frémissement » dans l’opinion professorale, même si « son sens reste à déterminer ».
Plus important encore, ces soutiens devraient permettre à d’autres intellectuels de se décomplexer et de faire rapidement un coming out sarkozyste, inconcevable il y a encore quelques jours seulement. Dans l’entourage du président, on ne se cache pas ainsi de travailler d’arrache-pied à convaincre d’autres savants, comme la sociologue Elisabeth Teissier ou le philosophe Eric Zemmour, d’intégrer le collectif d’intellectuels en formation autour de Nicolas Sarkozy. Un grand colloque-meeting serait également en cours d’organisation, sur le thème de la « science du peuple contre la science des élites et de la politicaille ».
Du côté des communicants de l’Elysée, on envisage de tirer les leçons qui s’imposent de ce « séisme au sein de l’intelligentsia ». Le slogan « La science forte » a commencé à être testé sur des groupes « quali », avec des résultats très prometteurs. « Ce positionnement correspond à une demande latente chez les Français », analyse l’institut OPIF. « Ils ne veulent plus de cette science stigmatisante, décourageante, incompréhensible, qui leur explique qu’ils doivent se serrer la ceinture s’ils veulent arrêter le réchauffement de la planète, ou que la Princesse de Clèves est un texte plus important que Quelqu’un m’a dit ». L’Institut souligne aussi la proximité entre Nicolas Sarkozy et les Frères Bogdanoff, tous étant victimes « d’un système incapable de comprendre les génies anticonformistes ».
Le lancement du slogan de la « science forte » devrait s’accompagner de propositions « décoiffantes », selon l’entourage présidentiel. La rédaction d’un rapport sur les « freins à la liberté de pensée » va être confiée conjointement à Claude Allègre et aux Frères Bogdanoff, avec à la clé des mesures que l’on nous promet « révolutionnaires », comme la co-gestion du CNRS par les usagers ou l’obtention automatique du titre de professeur des universités à partir d’un certain nombre d’heures de présence télévisuelle. Une audace qui risque de faire parler, dans un pays encore majoritairement « sclérosé et enfermé dans une conception austère et rigoriste de la science ».
Romain Pigenel, pour l’Agence Variae
#JournéeDeLaFemme : hommage à une victime de Sarkozy
En cette occasion très particulière de la Journée internationale des droits des femmes, où il est d’usage à la fois de fêter ces droits, mais également de faire un bilan sur les avancées restant à accomplir, je souhaiterais partager avec vous une pensée émue pour une femme que nous ne devons pas abandonner aux ténèbres de l’oubli.
Une femme trompée, instrumentalisée, une femme qui a été le jouet d’un homme peu scrupuleux. Un homme qui, sans même lui montrer le respect élémentaire que l’on doit à tout individu, l’a rejetée et bafouée une fois qu’elle ne lui servait plus.
Un homme dont la position socio-professionnelle nous rappelle que la maltraitance envers les femmes touche tous les milieux, toutes les classes sociales.
Un homme qui essaiera sans doute à nouveau de berner d’autres naïfs et naïves dans très peu de temps. Ce qui justifie, aujourd’hui, de le dénoncer en même temps que nous commémorons le calvaire de sa victime.
Sa victime : je veux parler de la proposition en page 9 du programme présidentiel 2007 de Nicolas Sarkozy : « Dès le mois de juin [2007], je réunirai une conférence avec les partenaires sociaux afin que l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes soit totale d’ici 2010. ».
Programme Sarkozy
De conférence il n’y eut, pas plus que d’égalité, la proposition étant oubliée sitôt le mariage avec Marianne consommé. Et probablement Nicolas Sarkozy nierait-il la connaître si vous lui en parliez aujourd’hui.
Des femmes comme elles, abusées, trahies, trompées, il y en a encore trop. Et combien d’autres jeunes propositions innocentes, prêtes à être manipulées par le même malotru, en cette période électorale ? Alors, pour leur honneur à toutes, et pour racheter le manque de parole d’un homme, parlez d’elle autour de vous, faites vivre son histoire.
Pour que plus personne ne puisse dire : « je ne savais pas ».
Romain Pigenel