Le PS change, dit-on. C’est vrai : il devient même un endroit où règne la morale la plus intransigeante, que dis-je, le plus bel esprit chevaleresque. Ici-bas, chez les êtres humains ordinaires (vous peut-être, moi en tout cas), on est conciliant avec ses amis, et durs avec ses ennemis. Trop facile ! Peu soucieuse de choisir la voie de la facilité, notre nouvelle première secrétaire, en une sorte de réactualisation du « Tirez les premiers, messieurs les Anglais » ou du « Tends l’autre joue », a défendu avec fermeté la vertu et la présomption d’innocence de notre ex-camarade Kouchner, accusé des pires turpitudes par le dernier livre de Pierre Péan.
Quoi de plus noble que de défendre la pire figure de l’ennemi, à savoir le traître à son camp ? Chapeau Martine ! Et parce que la bourgmestre lilloise ne fait pas les choses à moitié, elle a eu à cœur, par équité, de traiter avec une froideur tout aussi nette son camarade de parti Julien Dray, au plus fort de la cabale médiatique à son endroit. Rappelez-vous, le 24 décembre dernier : « on ne compte plus les atteintes à la présomption d’innocence et au secret de l’instruction comme cela a été le cas pour les mis en examen de Tarnac et aujourd’hui pour Julien Dray, ou les atteintes à la liberté de la presse avec l’interpellation inouïe de Vittorio de Filippis, l’ancien directeur de publication du journal Libération. »
C’est qu’il ne faudrait pas donner l’impression aux Français de pratiquer le favoritisme à l’égard des membres du PS, en les présumant par exemple « honnêtes hommes ». Mission réussie !
On imagine quel sacrifice cela a dû être, pour Martine, de se forcer à mal traiter un camarade, et à témoigner publiquement, a contrario, de l’affection à un ancien socialiste passé dans le camp de l’Antéchrist Sarko. Tellement pénible que son porte-parole était même venu l’épauler (« [L'affaire Dray] est une affaire privée qui ne concerne pas le PS »), pour qu’elle ne soit pas la seule à assumer le poids de la droiture. Exemplarité quand tu nous tiens ! Si ça, ce n’est pas la rénovation en marche …
Quant à ceux qui sous-entendent que ce serait juste l’illustration de la supériorité des copinages sur les liens de camaraderie, et de la dégénérescence de la solidarité entre socialistes, non, vraiment, ce ne sont franchement que de bien mauvaises langues !
Romain Pigenel
4 Comments
Bien vu !
Kouchner aime trop le pouvoir alors que julien Dray, ce sont les montres et ça change tout. Martine n’y comprend rien en horlogerie, voilà tout !
)
Lorsque j’ai rencontré Julien Dray, il n’y a que 2 noms qui ont réussi à le faire sortir de ses gonds : Fadela Amara et Martine Aubry. On peut très comprendre pour Fadela qu’il a fait monter. Mais c’est bien plus étonnant pour Martine Aubry. Il est possible qu’il ne la porte pas trop dans son coeur. La réciproque est peut-être vrai aussi. Non?
Bien sûr. Mais la différence entre Julien Dray et Martine Aubry est que cette dernière est première secrétaire de tous les socialistes. Elle devrait donc se mettre au-dessus des contingences personnelles et considérer chaque camarade comme un camarade, avant tout autre considération, non ?
Compte la dessus Camarade, tu peux toujours attendre, Martine a fait la démonstration de la politique par la preuve, CQFD
Bravo pour ton site
A.S.
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[...] si on leur prête encore un sens. J’ai vécu de près, dans l’histoire récente, le lâchage par son parti d’un camarade pourtant innocenté au bout du compte – je n’ai pas envie de voir cela [...]
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