Qu’est-ce qu’un meeting réussi ? Vaste question, toujours entachée de la subjectivité de celui qui le vit, qui le raconte. Les militants en seront toujours contents, les adversaires toujours insatisfaits. Alors essayons de dénicher quelques critères, si ce n’est objectifs, du moins factuellement partageables.
Un meeting réussi, c’est quand vous prenez le RER, un dimanche matin, dans votre quartier résidentiel habituellement désert à cette heure, à part quelques joggeurs et promeneurs matinaux avec leur chien ; et que vous découvrez, en arrivant au guichet pour acheter votre billet, une petite queue de personnes qui demandent toutes un aller simple pour la même destination – Le Bourget – et qui se regardent avec surprise, puis s’observent avec curiosité et timidité, quand elles entendent le même mot prononcé par leur voisin.
Un meeting réussi, c’est quand, dans le RER, puis le bus qui vous emmènent sur le lieu du rassemblement, vous entendez d’autres personnes qui en parlent, et tout d’un coup vous les abordez, à l’instinct, et la discussion s’engage, avec cette sympathie immédiate et réciproque de ceux qui ont le sentiment instinctif de participer à la même chose, qui va être grande, et dont vous allez vous rappeler. Longtemps.
Un meeting réussi, c’est quand vous constatez, en arrivant, que les organisateurs ont vu trop petit, qu’un flot sans cesse grossissant de jeunes, de vieux, de moins vieux, de moins jeunes, de militants, de curieux, se déverse du RER vers l’entrée du hall du meeting ; qu’à un moment, il faut fermer les portes pour des raisons de sécurité, que l’organisation en vient presque à cafouiller ; que certaines personnes, mues par une brutale déception, tentent de forcer l’entrée du service de presse pour malgré tout pénétrer dans l’enceinte, quand d’autres en viennent aux mains avec le service d’ordre pour tenter une percée par la porte de service cachée du côté des toilettes …
Un meeting réussi, c’est quand le bruit de la foule – les hourras, les cris, les « François Président », les « tous ensemble », toute cette liturgie de meeting – finit par devenir tellement continu, et tellement fort, qu’il couvre des passages entiers du discours du candidat, et que finalement personne ne s’en plaint, et qu’un sourire béat, un peu bête, illumine tous les visages, saisis par l’émotion magnétique du moment.
Un meeting réussi, c’est quand l’installation électrique du coin blogueurs et twittos tombe en panne, sur-sollicitée. Un meeting réussi, c’est quand vous voyez le hashtag utilisé sur Twitter pour en parler (#bourget) passer en première position française, puis mondiale, sur le réseau social.
Un meeting réussi, c’est quand vous vous surprenez à reprendre la Marseillaise qui résonne à la fin dans la salle, reprise par 20 000 voix, comme dans un stade de foot ; et que vous sentez votre gorge se nouer, et qu’à ce moment-là, c’est comme si vous étiez en connexion avec le reste du public.
Si tels sont les indices d’un meeting réussi, alors oui, celui de François Hollande au Bourget entrait dans cette catégorie. En tout subjectivité.
Romain Pigenel
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10 Comments
Même si je l’ai vu avec beaucoup plus de distance (dans tous les sens du terme/LCP), et que je ne sois pas spécialement un aficionados du bonhomme, je dois reconnaître que ça tenait la route et qu’il était plutôt convainquant et convaincu.
Bobiyé
Que du bonheur !
On croirait que vous nous décrivez le départ des pèlerins pour Lourdes !
Ariane, à vous lire, il est vraiment temps d’inscrire la séparation de l’église et de l’état dans la constitution. Laissons cet amalgame enrichir les discussions du café du commerce.
Comparer l’événement d’hier au phénomène de Lourde est abusif. Personnellement, je préfère parier sur FH pour ce qui est des affaires terrestres plutôt que sur le business de Lourdes (question redistribution cela laisse à désirer). Laissons à la République ce qui lui appartient et aux dieux et à leurs soit disant représentants le reste. Au peuple “élu” je préfère le peuple électeur. Le train de l’histoire repart dans la bonne direction et à bonne allure, ne restez pas sur voie car on espère bien vous retrouver à l’arrivée. “Good speed” FH!
Sinon, pour répondre à la question de ton titre, clairement oui.
Les socialistes qui chantent La Marseillaise maintenant! Toujours aussi moutonniers.
Les faits confirment mes anticipations, Sarkozy est tellement méprisable qu’il suffit d’un candidat pas trop mauvais pour le vaincre.
Le cauchemar pour le PS commencera après l’élection.
@ Pégase
Estimez-vous que je soies à de point indigne de porter le prénom qui est le mien, que vous jugiez opportun de m’en affubler d’un autre ?
Je regrette qu’avec mon petit commentaire, j’aie à ce point blessé vos sentiments laïcards !
Pourtant Romain lui-même n’évoque-t-il pas la “liturgie du meeting ?
Je suis sûre que bien des hommes politiques rêveraient de voir la même ferveur populaire chez leurs partisans, que celle suscitée par Hollande, qui nous dit-on en a mis certains “au bord des larmes” !
Finalement il n’y a que Ségolène Royal qui se soit autorisée à prendre une certaine distance.
Un vieux sceptique qui a déjà vu pas mal de meetings te dirait que c’était OBJECTIVEMENT un meeting réussi ^
Le meilleur depuis un certain Lionel J au Zénith en 1997, disons.
Bonne suite!
Jardidi, à la réflexion je préfère le cauchemar au marasme actuel. Les cauchemars ont la faculté de finir à chaque jour naissant.
Ariane (oups) Marianne, sachez que Romain est un greco-latiniste émérite et que les mots qu’il usite le sont toujours à bon escient et de circonstance. En l’occurrence, je vous invite à rechercher le sens du mot liturgie en grec ancien. L’évolution latine du mot n’est qu’un avatar capté par les églises.
La confusion que j’entretiens avec votre prénom vient sans doute du fait que j’ai peine à vous imaginer sur une barricades ou en buste dans nos mairies. Je ne recommencerez plus, promis.
Allez en paix.
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[...] LE BOURGET, FRANCE. Le terrible drame a eu lieu dans l’après-midi de dimanche, vers 15H heure française. Le Sarkozy 2007, petit canoë de plaisance de classe bling bling, a été heurté de plein fouet par le Hollande #FH2012, pédalo d’assaut lancé à pleine vitesse. [...]
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[...] Le parti des bisbilles, des rancœurs tenaces et des petites mesquineries. La formation de gauche respire sobrement après les tourments successifs de 2002 et 2007. Fini la candidate mal aimée, malmenée, hors du cadre, dont le militant, une fois l’exposé crispant terminé, s’escrimait à trouver des choses positives ou des améliorations sur le fond ou la forme. Fini aussi la surprise de la déferlante frontiste, dont on sait cette fois qu’elle point, là toute proche. Le parti socialiste parait avoir trouvé un candidat qui lui ressemble, et le rassemble. Un candidat sans fausse note, qui ne vend pas du rêve contrairement à ce qui se dit communément après la prestation du Bourget. [...]
[...] quel rassemblement politique, ceux qui étaient déjà convaincus d’avance ont trouvé ça réussi. Autant de dire que les groupies ont mouillé leur petite culotte. En entendant les hourras et les [...]
[...] de Nicolas Sarkozy ; deuxièmement, elle s’appuie sur un événement récent – le meeting du Bourget, où a été tournée la vidéo – qui a agi et continue d’agir comme un détonateur [...]
[...] de maintenir la tête hors de l’eau pendant une semaine écrasée, par ailleurs, par le lancement de campagne de François Hollande. Il y a maintenant, cette semaine, les commentaires off de la réception du [...]
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[...] fois au lendemain des primaires, avant de connaître une nouvelle floraison à la veille du Bourget. Toujours la même histoire, celle de la nécessité pour ceux qui commentent la campagne de lui [...]
[...] France depuis 5 ans. Les thèmes sont désormais connus et le ton peut-être moins vibrant qu’au Bourget. La situation a changé : « je suis prêt », il le dit et le répète, et c’est [...]
[...] Un crocodile avait ainsi été appréhendé par les forces de l’ordre lors du meeting du Bourget, un avertissement dont « on aurait mieux fait de tenir compte ». Un dispositif de contrôle [...]
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